Rencontre avec Jean Manuel GUSTAVE

Jean Manuel bonjour, pour les lecteurs, peut-on vous présenter ?

« J’ai 27 ans, je suis né en Martinique, j’ai deux frères. Olivier 23 ans vit depuis un an à Toulouse et Thomas, 20 ans, vient d’arriver en métropole et s’est installé à Troyes. Olivier joue au basket, il a fait quelques sélections de jeunes en Martinique. Aujourd’hui, il joue en région à Saint-Orens, il mesure 1,90 m. Thomas est le plus petit avec 1.81m. Moi, je suis à 2,02 ! Je ne sais pas pourquoi, je suis le vilain petit canard, mes parents, Charles et Mylène ne sont pas plus grands que la moyenne ».

A quelle époque as -tu  commencé le basket ?

« En cadet,, donc assez tard, dans un club qui s’appelle la Gauloise de la Trinité, le deuxième club de la Martinique pour les jeunes. J’ai débuté en sachant que je ne connaissais rien au basket. A l’époque, je faisais déjà 1,95 m.  Du coup, je n’ai pas joué un match de la saison mais j’ai appris les bases de ce jeu. Ma première saison complète a commencé en cadets 2. Avant le basket, j’ai joué trois ans au foot mais j’ai surtout passé cinq années sur les tatamis à pratiquer le judo sans devenir le nouveau Teddy Riner, car j’ai arrété à mon entrée au collège. J’ai ensuite changé de club pour intégrer l’Intrépide de Fort de France qui avait une bonne équipe Espoir. Nous avons même fait un tour de Coupe de France en région parisienne ».

C’est la première fois que tu venais en France ?

« Non, mon premier passage en France date de ma quatorzième année. La deuxième fois, pour un tournoi de jeunes avec la sélection de Martinique. Ensuite, j’ai débarqué directement en 2008 à Toulouse pour intégrer une école d’ingénieurs. Je joue au basket en Universitaires. Je croise un coach qui me fait signer en 2009 à Saint-Orens. On monte ensuite directement en régionale 1, puis en pré-national. Là, on garde le même groupe et on se retrouve encore en R1. En 2013, on joue une finale de pré-nat perdue contre Colomiers.  Je suis à Colomiers depuis deux saisons. Après une première année en équipe 2, je me retrouve  dans le groupe de la Une Pour une formation accelérée….».

C’est le moins que l’on puisse dire….

« Oui et j’en suis très content, car c’est vraiment propice à mon évolution. Arnaud et Jean Gael sont excellents, ils m’expliquent tout. Or, quand je comprends les choses et le pourquoi de leur mise en place, je peux m’exprimer plus facilement ».

Aujourd’hui tu évolues entre deux groupes ou tu fais partie intégrante de l’équipe première ?

« A la fin de la saison dernière, mon état d’esprit vagabondait entre les deux équipes. Mais le recrutement fait à l’intersaison par les dirigeants m’a finalement fait comprendre que je pouvais revendiquer sans honte une place dans  le groupe premier. Par la suite, les joueurs et le staff m’ont très bien intégré.  La pré-saison avec des stages et des matchs amicaux m’a fait beaucoup de bien. J’avais bien bossé le physique avec Olivier Pratviel.  J’ai eu un déclic lors d’un match amical avec l’équipe deux, pendant lequel, j’ai ressenti ma progression ».

Parviens-tu à maitriser la difficulté de ce poste 5 ?

« La première chose, c’est que Arnaud et Giga m’ont d’abord convaincu que j’étais un poste 5. C’est un poste très restreint en terme d’espace. Il faut régulièrement  bagarrer pour s’y faire de la place. C’est très intéressant à jouer ».

Revenons un peu sur ton arrivée en France.  Après 19 ans passés en Martinique, cela n’a pas du être facile de quitter ton île ?

« La  vérité m’oblige à dire que  chaque génération de Martiniquais part en même temps en métropole afin de poursuivre les études. Ce qui est vrai, c’est que tous n’atterrissent pas à Toulouse où je me suis senti un peu seul en arrivant. La grosse différence, c’est l’aspect culturel. En Martinique, il y a beaucoup de fêtes, des périodes très marquées entre Noel et le Carnaval. Les saisons ne font pas tout. Il y a des musiques qui correspondent à des états. »

Cette île te manque ?

« Bien sûr et mon projet de vie à moyen terme, c’est de revenir là-bas. De redonner  à la Martinique ce qu’elle m’a apporté pendant mes premières années.  J’attends de me forger un bagage conséquent pour maitriser un projet et un avenir professionnel. Idem pour ma vie de famille que j’imagine loin d’içi. Mais comme je l’ai déjà dit, je ne dois pas me précipiter. Aujourd’hui, ce n’est pas  à l’ordre du jour, d’autant que je me sens bien à Toulouse. Mais l’idée que l’on a toujours du mal à développer économiquement la Martinique me taraude toujours l’esprit. Je regrette que la plupart des gens qui quittent l’île pour leurs études n’y reviennent pas ».

Au cœur de cette réflexion toute à ton honneur, quelle place occupe le basket dans ta vie ?

« Il est en bonne place je vous rassure, mais ma vie ne se résume pas à ce sport. Pendant longtemps, j’ai donné la priorité à mes études. J’ai aussi pratiqué plusieurs sports. J’ai fait beaucoup de musique et pendant de longues années, j’ai pensé en trois dimensions. Aujourd’hui, le basket me permet de garder un équilibre de vie. Pour autant, je ne me suis jamais projeté trop loin ou trop vite. Je ne suis pas du genre à prendre ma check liste pour pointer ce que j’ai mené à bien ou pas. Je suis heureux comme çà ! »